Voici quelques autres exploits qu’il parvient à accomplir. Mgr Lejune, archiprêtre de Notre-Dame de Boulogne, fait appel à ses services car il ne parvient pas, malgré des années de recherche, à mettre à jour les vestiges du baptistère Saint-Jean à proximité de l’ancienne cathédrale. Notre abbé parvient rapidement à retrouver l’emplacement du cours d’eau à trois mètres de profondeur ainsi que le bassin du baptistère.
Devant la demande toujours croissante, il se hasarde à procéder à des recherches à distance qui se trouvent tout aussi concluantes. A un châtelain qui lui demande l’emplacement pour forer un trou, il indique l’endroit où creuser et la profondeur à 4 mètres 20. Le propriétaire, désespéré, arrête de creuser à 3 mètres 90 devant une énorme pierre et écrit en colère à l’abbé que « sa soi-disant science faisait faillite ». Vexé, il se rend sur place immédiatement en déclarant « Je peux me tromper, dit-il, mais ma baguette ne se trompe pas ». Faisant enlever le rocher, le propriétaire découvre en effet avec stupéfaction l’eau à 4 mètres 20 de profondeur.
I – à une reconnaissance internationale
Si le succès en France est indéniable, l’abbé Bouly va rapidement obtenir une reconnaissance internationale avec quelques grands événements marquants. Devant l’insistance des autorités locales, l’abbé Bouly se rend en 1927 aux îles Canaries, à Tenerife notamment, avec une délégation d’ingénieurs boulonnais afin de trouver de l’eau pour les plantations dans ces îles ravagées pas des mois de sécheresse.
L’abbé est accueilli comme un sauveur, d’autant plus qu’il amène avec lui des pluies diluviennes. Les habitants se prosternent devant lui comme un sauveur, mélangeant le sourcier au sorcier. Il découvrit plus d’une dizaine de sources permettant d’alimenter les plantations de bananes. Il reçut de nombreux cadeaux dont, tous les ans, des régimes de bananes qu’il distribuait aux enfants et amis de sa paroisse.
Son prestige l’amène à côtoyer les plus grands noms de l’Europe. Il est ainsi invité à la table du roi des Belges le 9 mars 1929 et il recevra la croix de chevalier de la légion d’honneur en 1950 pour service rendu à la Nation.
II – La naissance de la radiesthésie
Le terme de radiesthésie est utilisé la première fois le 29 octobre 1926 lorsque notre curé d’Hardelot-Plage revient d’une prospection dans la mine de plomb de Villevieille dans le Puy-de-Dôme. Il cherche à expliquer quel est l’art qu’il utilise lors d’une interview pour le quotidien parisien Le Journal réalisé par Géo London. Ce néologisme a été créé avec le concours du chanoine Louis Bayard, doyen de la Faculté libre des lettres de Lille, avec qui collaborait Bouly.
III – Une trace indélébile dans la radiesthésie
En plus d’en avoir inventé le terme, de l’avoir expérimenté avec succès dans un grand nombre de domaines (objets et personnes disparues – trésors – analyses chimiques – diagnostic médical…), l’abbé Bouly laisse son empreinte dans le monde de la radiesthésie par son institutionnalisation à travers la création en 1929 de l’Association Française et Internationale des Amis de la Radiesthésie. Le discours inaugural ne rassemble pas moins de 500 personnes le 29 janvier 1930 à l’hippodrome de Lille.
S’il ne reste que quelques semaines à la tête de l’association (son emploi du temps étant particulièrement chargé), il va donner une dynamique à cette association qui ne comptera pas moins de 2.000 membres en 1934. Des grands noms parsèment les annales de cette association et ont fait de cette institution une référence de l’entre-deux guerres.
Citons parmi les membres fondateurs Edouard Branly l’inventeur de la TSF (dont il est fait énormément référence dans les ouvrages de l’époque, la radiesthésie étant comparé à ce courant/onde invisible avec ses notions d’antenne, de récepteur, condensateur, cadre…), Arsène d’Arsonval fondateur de l’électrothérapie, membre de l’Institut, Deslandes membre de l’Académie des sciences, le docteur Foveau de Courmelle, pionnier de la chromothérapie et doyen des radiologues, le docteur Gédéon Meillère, président en 1932 de l’Académie de médecine…
Il va progressivement muter ses recherches dans le monde de la radiesthésie médicale. Accompagnant un médecin qui lui permet d’expérimenter ses recherches (et de ne pas être inquiété pour exercice illégal de la médecine), il poursuit le travail de recherche grâce au pendule ou à la baguette. « Chaque corps, animal, végétal, minéral, n’est qu’une accumulation d’énergie dont les vibrations se répandent dans tout l’univers » nous précise-t-il qu’il est possible de saisir et d’identifier avec une baguette de sourcier. Il indiquera pour affirmer ses recherches qu’à « la faculté de médecine de Lille, à l’hôpital de Boulogne, on ne m’a jamais dit : ‘Vous êtes dans l’erreur’, mais toujours : ‘C’est bien notre diagnostic ». Pour comprendre tous ces fonctionnements du pendule, il va falloir suivre une formation pendule ou une formation radiesthésie.
A partir des années 1930, à 65 ans, il limite ses voyages à l’étranger pour se concentrer sur la vie locale. Ce ne sont pas moins que des milliers de personnes qui viennent de France ou d’Angleterre pour avoir une consultation médicale à ses côtés. L’aisance financière lui permet de construire deux bâtiments au fond sa propriété pour accueillir chaque été des petites parisiennes à la santé fragile. Après la dissolution du domaine d’Hardelot en 1934, l’abbé en rachète le château qui devient trois ans plus tard une maison de repos orchestrée par la congrégation des sœurs de Sainte Agnès d’Arras. Il y créé un musée retraçant l’histoire du Boulonnais et se créé une bibliothèque aussi grande que sa curiosité.
1. L’abbé Mermet : le prince des sourciers
Si la vie de l’abbé Bouly est particulièrement riche dans l’histoire de la radiesthésie, un de ses contemporain, l’abbé Mermet, va également marquer cet art.
2. L’abbé Mermet et le terme de Radiesthésie
A l’image de son collègue l’abbé Bouly, Mermet n’est pas très satisfait du mot radiesthésie. Voici comment il le qualifie : « D’abord, ce mot prend place, par ses deux premières syllabes, à côté d’une quantité d’autres mots qui commencent de la même manière et qui ont comme racine les deux syllabes, radi, qui viennent du latin radius, rayon, tels : radiographie, radiologie, etc… Puis on a cherché un mot qui traduise la perception du rayon et on l’a trouvé dans la langue grecque, c’est aisthesis, qui veut dire sensibilité. Donc la Radiesthésie c’est la faculté de percevoir les rayonnements des corps, et radiesthètes, ou radiesthésiens, ou encore radiesthésistes, ceux qui possèdent cette sensibilité… J’avoue que le mot est un peu long et d’une prononciation pas très facile, mais, faute de mieux pour le moment, l’on a du moins trouvé l’expression adéquate qui répond à l’objet d’une science qui veut s’occuper des ondes et des radiations des corps ».